Paul Bélanger
Paul Bélanger es poeta y director literario de las Ëditions du Noroit. Ha publicado varios poemarios entre los que destacan Les jours de l’éclipse (Finalista del Prix du Gouverneur Général en 2003), Des amours 2015, Origine des méridiens 2005, Periphéries, L’oublie du monde, Retours, Le plus qu’incertain, etc.
Ha recibido varios premios en su carrera entre los que destacan el Premio internacional de poesia Jaime Sabines en 2018, ha sido además varias veces finalista en el Prix du Gouverneur Général y Premio Québecor del Festival internacional de poesia de Trois Rivières (Québec)
LA MAISON MORTE
(HAMLETT L’EMMURÉ)
Hamlet attend que s’ouvre
le portail pour sortir
de sa solitude à l’air libre
sans se rendre compte
de sa décomposition
dans ce mouvement putride
de son agonie sur le bord
des eaux mortes
l’horizon n’est pas tranquille
il lance ses cailloux au loin
quarante-sept fois
quarante-sept fois
ils les reprend
LA CASA MUERTA
(HAMLET EL EMPAREDADO)
Hamlet espera que se abra
el portal para salir
de su soledad al aire libre
sin darse cuenta
de su descomposición
en este movimiento pútrido
de su agonía en el borde
de las aguas muertas
el horizonte no está tranquilo
lanza sus piedras a lo lejos
cuarenta y siete veces
cuarenta y siete veces
las retoma.
il erre muet dans la nuit sans forme. La nuit froide, froide de novembre. Il marche et chaque pas éprouve sa capacité de résistance.
C’est comme s’il entrait dans une maison sans mur, et que d’une pièce
à l’autre la pénombre changeait le paysage. Il s’imagine sur une plage
de la Nouvelle-Angleterre. Il avance vers sa table et l’écrit…
Un homme se réveille brutalement au milieu de la plaine. Il rêve d’écrire
la suite mais il reste dans l’embrasure. Il pense qu’il ne franchira pas cette
frontière. Un lieu toutefois l’enveloppe, une épopée ou peut-être le
récit d’un deuil – il ne sait pas.
Il croise des voix, des corps sans contours ; les voix sont mélancoliques
comme si elles avaient le mal du pays.
Il demande son chemin mais personne ne répond à son appel. Ça reste
comme un nœud au fond de sa gorge. Un noeud qui l’égorge, le réduit
au silence et à la répétition. À la reptation.
Il reste un long temps sans bouger dans l’ombre. Il sent que tout le broie,
Que les murs se referment sur lui, quand tout en lui vole en éclats,
qu’entrent en lui des mondes sauvages, sans maîtres.
Il pense à tout ce qui le brûle, au dehors. Éloigne-toi, pense-t-il, retourne
dans la maison morte.
vaga mudo por la noche sin forma. La noche fría,fría de noviembre.Camina
y cada paso experimenta su capacidad de resistencia.
Es como si entrara en una casa sin muro, y que de una habitación a la otra
la penumbra cambiara el paisaje. Se imagina en una playa de Nueva Inglaterra. Avanza hacia su mesa y lo escribe…
Un hombre se despierta brutalmente en medio del llano. Sueña con escribir la continuación pero se queda en la entrada. Piensa que no franqueará esa frontera. Sin embargo un lugar le envuelve, una epopeya o tal vez el relato de un duelo- no sabe.
Se cruza con voces, con cuerpos sin contornos ; las voces son melancólicas como si tuvieran añoranza.
Pregunta por su camino pero nadie responde a su llamada. Queda como un nudo al fondo de su garganta. Un nudo que le ahoga, le reduce al silencio y a la repetición. A la reptación.
Se queda mucho tiempo sin moverse en la sombra. Siente que todo le apaliza. Que los muros se cierran sobre él, cuando todo en él vuela en pedazos, que entran en él mundos salvajes, sin jefes.
Piensa en todo lo que arde fuera. Aléjate, piensa, vuelve a la casa muerta.
Dans la chambre il déshabille de sang froid
une âme gelée qu’avons-nous fait de notre temps
imparti ? Car l’hiver est dur et l’horizon sans mesure
la mort étendue dans son lit l’attend
mais il tarde à la rejoindre dans son esprit
une plaine se perd dans le lointain il n’en voit pas
la fin peut-on pour quelque raison frapper l’air
avec son front mais il se demande comment
traverser le couloir qui le sépare de lui-même
sans se perdre il n’en dort plus
à l’affût désormais de la petite lumière du soir
En la habitación desnuda de sangre fría
un alma helada ¿qué hemos hecho de nuestro tiempo
repartido ? Pues el invierno es duro y el horizonte sin medida
la muerte tendida en su lecho lo espera
más él tarda en reunirse con ella en su espíritu
un llano se pierde a lo lejos no le ve
el fin puede uno por alguna razón golpear el aire
con su frente pero se pregunta como
atravesar el pasillo que le separa de si mismo
sin perderse ya no duerme
él la acecha desde entonces desde la pequeña luz de la tarde
Il arrive au fond de la forêt qui lui demande de respirer.
Je t’entends, dit-elle, tu veux que j’attende mais c’est la mort qui t’a fait mourir. Je ne suis plus qu’un fantôme porté par une âme inquiète, pense-t-il.
J’étais Hamlet perdu dans l’immense nuit du monde, et j’arriverai bien au
terme, moi aussi. La nuit me traverse comme un simple passage. Je marche
sans colère parmi les ruines, une flèche dans les poumons, et maintenant
que le temps m’éloigne contre ma volonté, je cours à toutes les surfaces et
ne me fixe à rien.
Llega al fondo del bosque que le pide respirar.
Te oigo, dice ella, tu quieres que espere pero es la muerte quien te ha hecho morir. Yo no soy más que un fantasma llevado por un alma inquieta, piensa él.
Yo era Hamlet perdido en la inmensa noche del mundo, y llegaré al final, yo también. la noche me atraviesa como un simple pasaje. Camino sin cólera entre las ruinas, una flecha en los pulmones, y ahora que el tiempo me aleja contra mi voluntad, corro por todas la superficies y no me fijo en nada.
Le mur est un murmure
un horizon jeté par-delà le regard
et trop près pour être vu le silence
de l’air entre et sort du corps
la cuisine est si loin qu’on dirait
une soupape sur le point d’exploser
mur sombre la mort tout autour
remplit son espace elle attend
qu’on enterre deux corneilles
selon les honneurs du rite
l’allégorie s’entend
la joie est irrationnelle
qui passe de l’animal
à la voix du chant
El muro es un murmuro
un horizonte echado más allá de la mirada
y demasiado cercano para ser visto el silencio
del aire entra y sale del cuerpo
La cocina está tan lejos que se diría
una válvula a punto de estallar
muro oscuro la muerte alrededor
llena su espacio espera
que se entierren dos cornejas
según los honores del rito
la alegoría se oye
la alegría es irracional
que pasa del animal
a la voz del canto.
Si tard et sans repos les formes s’adoucissent
tandis que s’épaissit le souffle suave du désir
cœur ardent il sent bien le vertige qui le gagne
des cris qui s’éteignent dans la froide étreinte
de la neige il emporte tout dans sa fuite
bocaux bricoles bêtes et autre broutilles
il ne se reconnaît plus dans les fragments
du miroir en éclats sur le plancher
Si tarde y sin reposo las formas se dulcifican
mientras que se espesa el soplo suave del deseo
corazón ardiente siente bien el vértigo que le gana
gritos que se apagan en el frío abrazo
de la nieve que lo lleva todo en su huida
frascos cosas estúpidas y otras menudencias
ya no se reconoce en los fragmentos
del espejo hecho trizas en el suelo
Puis l’oracle sort de l’ombre et jette ses yeux aveugles sur la ville brûlée,
le ciel rouge émarge, quelques fantômes vont et viennent, sans jugement.
Le vieux fauteuil ressemble à un trône d’or décati, éclairé par un soleil
mauvais. Le malheur ne suffit, un enfant passe devant lui, aérien il traverse
le matin cristallin.
Il plonge sa lame au cœur du feu, le sang coule dans les rêves des voisins.
Después el oráculo sale de la sombra y lanza sus ojos ciegos sobre la ciudad quemada,
el cielo rojo corta los límites, algunos fantasmas van y vienen, sin juicio.
El viejo sillón parce un trono de oro decaido, iluminado por un sol malvado. La desgracia no es suficiente, un niño pasa ante él, aéreo atraviesa la mañana cristalina.
Hunde su lama en el corazón del fuego, la sangre fluye en los sueños de los vecinos.
le vieux roi dort au fond de son trou brodé d’or
dehors un voilier de seize oies traverse le ciel du Nord au Sud
dehors la guerre dedans le totem du monde s’effrite
le roi mourant – vive le roi - s’étonne de sa disparition rapide
un revenant lance sa lance froide et le heurte sans délicatesse
El viejo rey duerme en el fondo de su agujero bordado en oro
fuera una bandada de dieciséis ocas cruza el cielo de Norte a Sur
fuera la guerra dentro el totem del mundo se desmenuza
el rey moriente-viva el rey- se extraña de su desaparición rápida
un zombi lanza su lanza fría y le alcanza sin delicadeza.
Dans sa retraite il a soif entre songe et lumière
une ligne creuse des alvéoles de douleur dans sa gorge
il vit exilé en sa propre demeure et l’invisible
s’offre comme une masse à connaître
blessé par les mots qui se présentent à lui
qui le sculptent jour après jour
constance de sa voix musicienne
le livre reste ouvert sur le tabouret
En su retiro tiene sed entre sueño y luz
una linea cava alvéolos de dolor en su garganta
vive exiliado en su propia morada y lo invisible
se ofrece como una masa a conocer
herido por las palabras que se le presentan
que lo esculpen día tras día
constancia de su voz musical
el libro queda abierto sobre el taburete.
La tragique histoire d’Hamlet est sans fin, toute veuleries,
tromperies et menteries
un parapluie est resté ouvert sur le trône décati et le trou
que nul ne voit dans son ventre s’est ouvert où il descend
et c’est dans ce point de non-retour qu’il trouve grâce.
La trágica historia de Hamlet es sin fin, toda querencias,
engaños y mentiras
un paraguas ha quedado abierto sobre el trono deslucido y el agujero
que nadie ve en su vientre se ha abierto por el que muere
y es en ese punto de no retorno que encuenta gracia.
TRADUCCION M Cinta Montagut
© Paul Bélanger para TBR 2018
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